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Théâtre
Un spectacle pour casser les préjugés
Des jeunes handicapés se produisent
au Théâtre Mohammed VI
Publié le : 21.11.2008 | 14h17




Un spectacle sans frontière, un échange
sans barrière, des artistes pas comme
les autres. Le théâtre Mohammed VI
accueille cet après-midi un évènement
assez particulier, "Aladin à Casablanca".







Cette pièce de théâtre novatrice,
présentée dans le cadre du 9e
Atelier International L'Autre
Théâtre, L'Île au Trésor, propose
une rencontre scénique entre
comédiens vivant avec un
handicap
intellectuel et professionnels
de la
scène.

Après Galaksidi, Montpellier,
Pescara,
Lebrija, Valence, Sofia et Cáceres,
l'atelier a choisi Casablanca pour
revendiquer le théâtre comme un
instrument de solidarité entre
personnes valides et d'autres
handicapées. Ces derniers sont
Espagnols,Portugais, Slovaques,
Français, Algériens,
Bulgares, Italiens et Marocains.
Vingt-sept jeunes handicapés de
nationalités différentes se sont
réunis depuis le 9 novembre au
Club de l'ONE de Mohammedia
pour
préparer "Aladin à Casablanca".

Durant 14 jours, ils ont intégré le
monde magique d'Aladin, un
personnage lié à la
tradition arabe et présent dans
toute la
culture méditerranéenne.
«L'Atelier s'est déroulé dans
une Île au Trésor
hospitalière et prête à découvrir
la richesse d'un monde caché,
celui des
personnes handicapées, ou encore
celui des personnes ayant une
capacité
«différente» car elles possèdent
souvent
des valeurs et des aptitudes
exceptionnelles
qui détruisent les préjugés et
nous obligent
à nous interroger sur nos idées
sur
la normalité», expliquent les
responsables
du projet.

Munis de «lampes merveilleuses»,
de talent,
de spontanéité et de beaucoup
de volonté,
les jeunes méditerranéens ont
ainsi pu
explorer, le temps d'un atelier,
leurs différences, leurs limites,
leurs rêves.
Durant ces jours de stage,
il fut question
de pratique artistique et de
handicap,
l'un ne prenant pas le pas sur
l'autre.
« A travers cette initiative,
on a voulu
mettre en valeur les
compétences de
ces jeunes à besoins
spécifiques.

On a voulu dire aux gens que
cespersonnes
ont aussi un talent à montrer.
C'est un
message de sensibilisation aux
compétences
et non à l'incompétence des
personnes
handicapés», affirme Sabah Tyal,
présidente
de l'Association Nationale pour
l'Avenir des
Inadaptés Scolaires (Anaïs).
En fait, il s'agit d'une véritable
expérience
théâtrale, montrant comment
on peut dévoiler
les talents des personnes
handicapées pour
affronter avec intelligence
et courage leurs
différences. Pour préparer
le spectacle d'aujourd'hui,
ce tantinet de jeunes innocents
ont fait leur bout
de chemin avec des artistes
professionnels.
En mettant sur pied
«Aladin à Casablanca»,
Pepa Gamboa, Cristina Silveira,
Jean Marie Rase
et Adil Madih
présentent une nouvelle
conception de la mise
en scène qui apprivoise la
différence.

Il faut dire que travailler avec
des comédiens
comme ceux qui se produisent
aujourd'hui au
théâtre Mohammed VI, c'est
apprécier que
tout ne soit pas parfait parce
que ce sont les
apports particuliers qui font
la beauté d'une prestation.
Les quatre grands directeurs
de scènes Espagnols
et Marocain ont eu pour rôle de
casser les préjugés
et mélanger les différences dans
une uniformité
neutre. Ils ont ouvert la scène
duthéâtre à des
jeunes méditerranéens sans
autre prétention
que celle de partager.

«C'est un exercice de
participation,une activité
artistique et une satisfaction
ludique,pendant
lesquels ces jeunes peuvent
le temps de la
préparation et de
la présentation
de la pièce,
jouir du respect et de la
considération sociale
desquels ils sont le plus
souvent privés»,
précise Sabah Tyal.

Cette production originale
de la Fondation
de l'Institut International
du Théâtre
Méditerranéen (IITM) et Anaïs,
en partenariat avec l'Institut
Cervantès
et la Ville de Casablanca, est
tout simplement
un rendez-vous où le public
devient le confident
d'une expérience d'entraide
et de création.
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Desseins de l'Atelier

"L'Atelier International
L'Autre Théâtre,
l'île du Trésor" revisite les
concepts habituels
qui régissent les expressions
scéniques en
montrant à quel point les
personnes porteuses
de handicaps possèdent,
au même titre que
les autres, une capacité
intrinsèque à s'exprimer
sur scène qui mérite d'être vue,
entendue et valorisée.

Il se veut une affirmation,
par le théâtre, de ces
personnes qui, malgré leurs
handicaps, se savent
en possession de qualités
humaines
et de compétences
et refusent que leurs qualités
restent occultées par
ceux qui pensent être dans
une normalité absolue.

L'Atelier l'Île du Trésor
revendique le théâtre
comme un instrument
de solidarité entre les
humains porteurs de
handicaps ou pas et un
véhicule d'expression et
de communication
de jeunes souffrant de
différentes incapacités.







Par Nadia Ouiddar | LE MATIN










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